Edito : L’heure d’un vrai Green Deal?
Plus proches – on l’espère – de la sortie du tunnel que de l’entrée, les entreprises et états les plus touchés par l’épidémie Covid font les comptes, demandes aides et subventions, négocient des accords et plaident la cause de leur secteur. Alors que la vie privée pourrait pâtir des mesures prises pour combattre le virus, le bilan économique et social est très lourd et on peut aussi s’inquiéter de l’impact sur l’environnement, face à l’abandon réclamé des mesures de protection mises en place. « A l’heure où l’Europe se reconstruit, autant privilégier les solutions vertes et durables » arguent de nombreux acteurs.
Et si on ne peut que se désoler du désastre économique qui suit la trgédie humaine, il est très réconfortant de penser que – dans les paroles, au moins – les dirigeants Européens ne souhaitent pas sacrifier l’environnement pour accélérer la relance.
L’actu de ce numéro
- L’accord Macron-Merkel va-t-il sauver l’UE de la débâcle ? Article engagé et politiquement non neutre, mais intéressant (dans sa premièr emoitié) pour comprendre les rapports de forces à l’intérieur d’une Europe qui va chercher à se reconstruire. Applaudi par la presse nationale, l’accord Macron-Merkel cache une réalité plus complexe des intérêts des deux pays. Et un espoir de voir le duo sortir, non pas indemne, mais plus fort, de la crise. Un numéro d’équilibriste économie à fort enjeu.
- Bâtir une économie plus compétitive, résiliente, inclusive et verte, un devoir historique pour l’Europe. « Puisque des milliards d’euros seront consacrés à la relance, autant investir dans une économie propre, compétitive et adaptée au XXIe siècle ». L’heure d’un vrai green deal? Investissements dans des systèmes de transports urbains sûrs et propres (bus et tramways fonctionnant à l’hydrogène), et renaissance des déplacements en train au programme. Voir aussi: Ce que contient le plan de « relance verte » européen. Et aussi: 15 millions de nouveaux emplois potentiels dans le secteur des transports à condition d’investir dans l’écologie.
- Pour se faire plaisir: Transition énergétique: la France dans le top 10 des pays les plus avancés. La France décroche la 8e place sur 115. Parmi les pays du G20, seul le Royaume-Uni fait mieux.
- Le transport fluvial : une des solutions du transport de demain ? Les 56 millions de tonnes transportées chaque année sur 7 000 kilomètres de voies navigables ne représentent que 4% du trafic terrestre. De petits projets d’aménagement pourraient avoir de gros impacts et nous permettre de rattraper nos voisins du Nord Est.
- SNCF : le PDG Jean-Pierre Farandou appelle l’État à l’aide. Même si la survie de l’entreprise n’est pas en cause à court terme, sa trésorerie et sa capacité à investir sur les nimbreux projets de réouverture de petites lignes et de développement du fret est sérieusement impactée. Le patron de la SNCF appelle l’Etat au secours, et il n’est pas question que d’aide financières. Son inquiétude au sujet des TGV tient aussi aux mesures strictes de sécurités imposées en France, et pas dans les pays du Nord. Même si l’impact cumulé des grèves de 2019 et de l’épidémie de 2020 s’élève à 3 Md€, l’état qui a déjà délesté l’entreprise de 25 Md€ de dettes il y a peu, traine des pieds.
- Pour sauver la Deutsche Bahn, l’État allemand va injecter des milliards d’euros au capital. Tablant sur des pertes de 11 à 13Md€ de 2020 à 2024 pour le groupe ferroviaire national, le gouvernement apporte une première aide de plus de 4 Md€ et réfléchit à augmenter le plafond de dette authorisé.
- Bombardier encore sur le point de demander l’aide de l’État. A peine séparée de son activité ferroviaire (au profit d’Alstom) et renfloué par l’état Canadien, Bombardier doit faire face à la crise Covid et demande à ses créanciers de remettre la main à la poche. Spirit toujours intéressée à acheter deux usines à Bombardier. L’entreprise américaine spécialisée dans la fabrication de fuselages, d’ailes et de pièces pour les moteurs, pourrait ainsi étoffer et diversifier son portefeuille client. Bombardier, de son côté, pourrait ramener sa dette à 2,5Md$ avec cette vente supplémentaire. Histoire d’un démembrement industriel. Alstom ne lâche pas Bombardier. Le protocole d’accord signé en Fécrier tient toujours et le financement est sécurisé. Voir aussi: Pour Alstom, le «monde d’après» sera ferroviaire.
- Le fret ferroviaire européen va lancer un appel au secours. Le secteur est appuyé par la commission transport du Parlement européen qui souhaite définir des mesures à court et moyen terme à intégrer au futur Pacte vert qui pourrait servir de plan de relance communautaire. Voir aussi: Coronavirus : le fret ferroviaire attend d’être payé pour son effort pendant la crise sanitaire.
- La croissance verte doit embarquer le transport combiné. Le groupement national des transports combinés, GNTC, souhaite capitaliser sur cette crise inédite pour devenir un des leviers essentiels de la croissance verte. Il appelle les pouvoirs publics à s’engager fortement dans le développement du transport multimodal.
- Luxe, métallurgie, auto… Secteur par secteur, comment ils luttent pour retrouver leur productivité. 10 secteurs, dont celui du ferroviaire, 10 scénarios aux contextes différents. Chez Alstom, Bombardier et Faivelay, les donneurs d’ordre ont bien entammé la reprise et Alstom tourne déjà à 70%.
- Spie Batignolles remporte un lot de la ligne 18 du futur métro. Deux tunneliers et jusqu’à 700 ouvriers seront à l’oeuvre pour creuser les 11.8km de tunnel et réaliser les 3 gares du tronçon
- Alstom confirme son avance dans les trains à hydrogène. Depuis 18 mois, le constructeur teste deux rames fonctionnant à l’hydrogène en condition d’exploitation réelles. Après 180 000 km parcourus chacune, les résultats valident le principe de pile à combustible pour le transport de passagers. 41 rames seront livrées en Allemagne d’ici 2022.
- ABB va fournir des systèmes de batterie et de traction pour 160 trains. Le nouvel accord de 166M€ entre ABB et Stadler prévoit l’équipement de 160 trains en batteries lithium-ion pour décarboniser les tronçons non électrifiés sur les réseaux de multiples pays.
- Ligne ferroviaire POLT : « L’investissement de l’État confirmé » assure la députée du Lot. Malgré l’interruption et la reprogrammation des chantiers, l’avenir de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse est toujours garanti par l’état, pour 2023.
- Finalement, Élisabeth Borne préfère le train à l’avion mais … Ayant fait volte face sur le sujet depuis ses déclarations de Juin 2019, la ministre ne convainc pourtant pas encore l’opposition, qui exige plus.
- Moratoire sur des mesures environnementales demandé par le Medef : « Je ne cèderai rien à ceux qui voudraient un retour en arrière », assure Elisabeth Borne. La ministre refuse la demande d’assouplissement des règles environnementales demandé par le Medef, expliquant qu’opposer l’économie à l’écologie est une attitude du passé. Et le gouvernement semble en ligne avec cet avis.
- « L’avenir du secteur aérien est de collaborer avec le secteur ferroviaire » Sortir d’une crise par le haut en réfléchissant à des collaborations mutuellement bénéfiques plutôt qu’à des oppositions … ça fait plaisir à lire.
- Une nouvelle gare à Chambery en deux étapes. Dans le cadre du projet d’un pôle d’échanges multimodal appelé à devenir un élément structurant, un nouveau bâtiment a été construit sur 2500m2 de hall ferroviaire et de commerces. Les travaux seront finalisés en 2020.
- Le chantier du CDG Express menace le calendrier de la modernisation des RER B et D. L’annonce, mi-Mai, du possible retard de lasemi-automatisation des RER B et D relance la polémique autour du chantier à 2Md€, initialement prévu pour les JO et depuis repoussé de 18 mois.
- Déconfinement : la SNCF face à la pénurie de cheminots. Entre devoir de garde d’enfant et problèmes de santé fragile, les 20% – 30% de cheminots manquant à l’appel pourraient constituer un autre casse-tête pour le redémarrage espéré de la SNCF.
- Suisse: 14,4 milliards pour l’entretien et la modernisation du réseau ferré. Le conseil fédéral accorde cette somme (en hausse de 1.2Md) au CFF et aux compagnies privées pour moderniser le réseau et favoriser le ferroutage.
- Une liaison ferroviaire entre la Suède et la Belgique à l’étude. La connexion entre Malmö et Bruxelles accueillerait des trains de nuit, et des adeptes du flygskam. Elle pourrait démarrer en 2023, si l’Allemagne (traversée) donne son accord.
- Liaison Budapest-Belgrade : le chinois Exim Bank va financer le projet. On ne connaitra pas les détails financiers du projet faisant partie des nouvelles routes de la soie (voir La Hongrie classe secrets les détails du contrat chinois de la liaison ferroviaire Budapest-Belgrade) mais il semble que 85% des 2Md€ du projet 350km seront financés grâce à un prêt accordé par la banque chinoise et les 15% restants par les fonds propres de l’état Hongrois. Les doutes sur la rentabilité et l’éthique du projets sont nombreux.
- Le projet de ligne ferroviaire entre l’Ouzbékistan, le Kirghizstan et la Chine relancé. Nouvelles routes de la soie, toujours. Pour l’Ozbetkistan, relancer ce projet vieux de 20 ans est une opportunité de jouer un rôle clé dans la logistique du transport de la région. Pour la Chine, il s’agit de développer encore un peu plus le fret vers l’Europe.
- Etihad Rail: Valeur des contrats pour la deuxième phase du projet de réseau ferroviaire national d’une valeur de 18 milliards d’AED. Etihad Rail a lancéé la construction de la deuxième phase du réseau ferroviaire. L’entreprise a construit son centre à Al-Fayah, qui est géré par une coalition dirigée par la société française VINCI Construction, dans le cadre de son objectif futur de créer un réseau ferroviaire qui soutienne la croissance à long terme de l’économie nationale.
- Désolé mesdames!! «Le» ou «la» Covid-19? L’Académie française opte pour le féminin. Mais aucun sexisme dans cette décision, qui se base sur l’argument que covid 19 se substitue à la maladie et en hérite donc du genre. Ouf ;)
- Cantal : ces tunnels ferroviaires reconvertis en caves d’affinage pour le fromage. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme 😉 Un peu de culture pour terminer sur une note (r)affinée.
Parce que tout n’est pas crise financière et sociale dans le monde, voici une image du Japon ferroviaire du blog La Joie d’être …
Saga, la gare ferroviaire d’Uranosaki sous les sakura (c) La joie d’être
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