Rail et mobilité N°100 (30 Avril 2025)

Le rail dans le 100.

Eh oui, l’ADN d’Aptitude repose sur les deux axes que sont un réseau de grands experts et une méthodologie de gestion de contrats et de projets très poussée, aujourd’hui dans plusieurs secteurs industriels. Mais notre point de départ, notre histoire d’amour originelle, ça reste le ferroviaire! Le rail, on a ça dans le sang. Et il en faut de l’amour pour décortiquer chaque mois des centaines d’articles, sélectionner les plus intéressants, ceux qui peuvent être lus par tous, les résumer, les organiser. Et si ce travail voit aujourd’hui paraître sa centième édition, c’est grâce aux autres passionnés qui nous lisent, nous partagent et nous répondent. Alors merci à tous ces passionnés, ceux qui font le rail, et ceux qui le vivent et le soutiennent.

Un coup d’œil rapide aux titre de ce numéro suffit pour constater les mutations, les risques climatiques et techniques, les innovations, les enjeux politiques et sociaux et économiques, mais aussi le plaisir au jour le jour qui animent cette industrie chargée d’âme. Alors il y a encore beaucoup à dire, mois après mois. Et nous, on signe bien volontiers pour les 100 prochains numéros ! 🙂

L'actu de ce numéro

Dossiers

  • Synthèse de la journée nationale Petites Lignes ferroviaires du 18 mars 2025. Le 18 mars 2025, une journée dédiée aux petites lignes ferroviaires a permis de discuter de leur potentiel sous-exploité et des solutions pour améliorer leur performance, notamment en termes de financement, de modernisation des infrastructures, et de gouvernance territoriale. Les défis incluent la gestion des coûts élevés, la nécessité d’une interopérabilité et l’adaptation aux besoins locaux pour favoriser leur développement. Des initiatives comme le projet TELLi visent à offrir des trains légers et modulaires à faible coût pour desservir efficacement les zones rurales et périurbaines.
  • Panne d’électricité en Espagne: le trafic ferroviaire totalement interrompu, les automobilistes doivent « éviter de conduire ». Une panne d’électricité massive a paralysé l’ensemble du réseau ferroviaire espagnol, interrompu aussi les métros et affecté le trafic aérien dans plusieurs grandes villes. Les autorités appellent aussi les automobilistes à éviter de conduire, les feux de circulation étant hors service.
  • Fret ferroviaire : l’Alliance 4F pousse pour un engagement fort de l’État. L’Alliance 4F a rencontré le ministre des Transports Philippe Tabarot pour défendre un plan d’investissement de 4 milliards d’euros pour moderniser le fret ferroviaire en France, avec un objectif de doubler la part modale du rail d’ici 2030. Ce programme stratégique, Ulysse Fret, vise à améliorer la compétitivité du rail, réduire les émissions de CO₂ et fluidifier les chaînes logistiques, en réorientant notamment les fonds autoroutiers vers le rail.
  • Le train survivra-t-il au réchauffement climatique ? Le train, levier crucial de la décarbonation, est de plus en plus menacé par les effets du réchauffement climatique (inondations, éboulements, canicules), auxquels les infrastructures ferroviaires françaises sont insuffisamment adaptées. Malgré l’urgence, la France tarde à investir et structurer une stratégie d’adaptation, contrairement à certains voisins européens plus proactifs.
  • Ferroviaire : a-t-on abandonné le centre de la France ? Le 15 avril, 400 usagers des lignes Paris-Clermont-Ferrand et POLT ont manifesté à Paris contre les retards récurrents et l’état vétuste des trains Intercités, symptôme d’un sous-investissement chronique dans les lignes du quotidien. Malgré la promesse de 3 milliards d’euros d’ici 2027, les habitants dénoncent un sentiment d’abandon et réclament des actions concrètes et durables pour sortir de cette “enclave ferroviaire”.

L’international

  • Maroc : Feu vert royal pour un ambitieux plan ferroviaire de 96 milliards de dirhams. Le roi Mohammed VI a approuvé un plan ferroviaire de 96 milliards de dirhams visant notamment à construire une ligne à grande vitesse entre Casablanca et Marrakech d’ici 2030. Ce projet, qui prolonge la modernisation entamée en 2018 avec « Al Boraq », ambitionne de dynamiser le tourisme, l’économie régionale et l’intégration nationale. Voir aussi: Hausse des revenus d’Al Boraq.
  • La liaison ferroviaire entre l’Italie et la France est rétablie 19 mois après avoir été interrompue par un glissement de terrain. Après 19 mois d’interruption due à un glissement de terrain en août 2023, la reprise des TGV a eu lieu le 31 mars 2025. Cette interruption a mis en évidence la vulnérabilité de la ligne, soulignant la nécessité de sécuriser les infrastructures face aux risques naturels croissants.
  • Canada. Quelle direction prendra le projet de TGV ? Le projet de TGV entre Québec et Toronto suscite un grand enthousiasme au Québec et en Ontario, mais il reste incertain après les élections fédérales, en raison du manque de soutien des conservateurs et des hésitations sur son financement. Bien que le gouvernement libéral soutienne fermement le projet, le chef conservateur Pierre Poilievre rejette l’idée d’un financement public, tandis que d’autres régions, comme l’Alberta, montrent un intérêt croissant pour des projets similaires.
  • Les espoirs du Japon anéantis par l’annulation par les États-Unis d’une subvention pour la liaison ferroviaire à grande vitesse du Texas. Les États-Unis ont annulé une subvention de 63,9 millions de dollars pour le projet de TGV Houston-Dallas, invoquant des coûts estimés à plus de 40 milliards de dollars et un risque excessif pour les contribuables. Cette décision compromet gravement l’adoption de la technologie japonaise Shinkansen au Texas, déjà fragilisée par le retrait d’un soutien japonais en 2024.
  • Algérie : le chemin de fer sert-il vraiment notre économie ? L’Algérie relance avec ambition un vaste programme ferroviaire stratégique visant à porter son réseau de 5.000 à 15.000 km d’ici 2030, afin de dynamiser son économie par le transport de ressources minières (fer, phosphate), agricoles et industrielles, et par la structuration de ses territoires sud et sahariens. Cette politique s’inscrit dans une vision de développement intégré, avec des retombées attendues en matière d’exportation, de sécurité alimentaire, d’industrialisation nationale du matériel ferroviaire et de croissance du transport de marchandises et de voyageurs.
  • Tunnel Maroc-Espagne: le chantier relancé pour 2040. Le projet de tunnel ferroviaire sous-marin entre Tanger et Algésiras, long de 60 km dont 28 sous la Méditerranée, est relancé pour une mise en service en 2040, avec un budget estimé à 15 milliards d’euros. Soutenu par le Maroc, l’Espagne et l’Union européenne, ce chantier stratégique vise à renforcer les flux commerciaux et l’intégration euro-africaine. Voir aussi: Un pont entre l’Europe et l’Afrique en cours de construction ? Ce qu’il faut savoir. Une belle idée, peut-être plus idéologique que réaliste, mais qui mérite d’être lue.
  • Afrique du Nord : 235 millions $ pour un projet ferroviaire. L’Égypte modernise en profondeur son réseau ferroviaire en combinant rénovation du matériel, partenariats internationaux (notamment avec Progress Rail, Hyundai Rotem et Alstom) et développement d’une industrie ferroviaire nationale. Cette stratégie vise à renforcer l’autonomie industrielle, améliorer les infrastructures, et faire du rail un levier économique et logistique majeur.
  • Vietnam. Ligne ferroviaire à grande vitesse Nord-Sud : lancement des travaux prévu pour 2026. Le Vietnam prévoit de lancer en 2026 les travaux de la ligne ferroviaire à grande vitesse Nord-Sud, au sein d’un vaste plan de développement ferroviaire comprenant aussi des projets urbains et régionaux. Le Premier ministre a ordonné l’accélération des procédures, la finalisation du cadre légal, et la mobilisation de financements diversifiés pour respecter ce calendrier ambitieux.

Régions

Entreprises

Et aussi..

  • Cinq ans après la LOM : quelle place pour les usagers dans les décisions ? Cette participation des usagers aux décisions sur les mobilités reste très inégale : les comités de concertation prévus par la loi sont souvent mal appliqués, fragmentés ou inexistants, limitant leur efficacité. La Fnaut déplore l’absence de moyens pour les associations et demande un élargissement des compétences des comités, une meilleure accessibilité, ainsi qu’un réel pouvoir de concertation.
  • L’avenir du train se joue-t-il en Normandie ? Ces étudiants mettent sur les rails un projet où la performance énergétique prime sur la vitesse. Des étudiants de l’ESTACA testent en Normandie un prototype de vélorail électrique ultra-sobre, conçu pour rouler 1 000 km avec une consommation minimale, en misant sur l’efficience énergétique plutôt que la vitesse. Ce laboratoire roulant, fruit de trois ans de recherche, explore des innovations transposées de l’automobile au ferroviaire, pouvant inspirer les futurs trains de la SNCF.
  • SNCF : 18 km de nouveaux rails bas-carbone installés sur l’axe Lille-Douai. SNCF Réseau remplace 18 km de rails par des rails bas-carbone issus à 100 % du réemploi, dans une logique d’économie circulaire. Grâce au train usine REVO, ce chantier nocturne réduit significativement les émissions de CO₂ et accélère les travaux sur un axe ferroviaire très fréquenté.
  • Faire le tour du monde en cent jours à bord d’un train de luxe. Un circuit de 100 jours organisé par Adventures By Train propose un tour du monde luxueux combinant trains de prestige, croisières, hôtels emblématiques et expériences culturelles uniques dans une ambiance intimiste. Avec un itinéraire traversant l’Europe, l’Asie et l’Amérique, ce voyage immersif mêle confort haut de gamme et découvertes patrimoniales pour douze voyageurs privilégiés.
  • Voyager à bord du premier transport ferroviaire autochtone au Canada. Le train Tshiuetin, premier service ferroviaire autochtone au Canada, relie depuis 20 ans Sept-Îles à Schefferville, incarnant une fierté culturelle et territoriale pour les communautés innues et naskapies. Ce moyen de transport essentiel, géré majoritairement par des Autochtones, fait l’objet d’un ambitieux projet de modernisation visant à renouveler entièrement sa flotte d’ici 2027.
  • Voyager dans un train autonome piloté à distance ! Ça vous tente ? La SNCF prépare l’arrivée de trains autonomes avec le projet MARS LGV, visant à remplacer les TGV de reconnaissance matinale par des unités légères, pilotées à distance et dotées de capteurs, pour réduire coûts et empreinte carbone. Plus largement, l’autonomie progresse aussi dans le fret et les TER, avec des expérimentations en cours, annonçant une transformation profonde de l’exploitation ferroviaire d’ici 2030.
  • « Il n’existait pas, alors je l’ai construit » : L’innovation ferroviaire en matière d’IA, les pièges de l’orgueil européen et la raison pour laquelle Infrabel a pris de l’avance. Le secteur ferroviaire européen débat de l’adoption de l’IA pour la maintenance prédictive, entre prudence institutionnelle et retard normatif, tandis qu’Infrabel se distingue par des solutions développées en interne face à l’absence d’offres sur le marché. La conférence RailTech Belgium 2025 souligne l’urgence d’une stratégie basée sur des données centralisées, une coopération accrue avec des acteurs externes, et un changement culturel profond.