Le ferroviaire, entre guerre et climat.
L’actualité des semaines passées est tristement dominée par le conflit en Ukraine. Nous lui dédions une section, au chapitre “International”, dont la volonté est de présenter la place du ferroviaire dans la guerre, que ce soit comme moyen d’acheminement, comme cible tactique d’attaques, comme terrain de bataille numérique ou comme acteur de marché. Toute l’équipe Aptitude Experts tient à exprimer sa tristesse face à cette guerre et son désir de voir la diplomatie prendre rapidement le relais des armes.
L’autre actualité phare, ce sont les élections présidentielles en approche. Et les bilans qui font surface, les constats, les volontés de chaque candidat pour l’avenir.
Parmi les bilans à retenir, celui de la commissaire Vălean, au sujet de 2021, l’année du rail qui a vu naître de nombreux projets, et qui semble s’ouvrir vers des collaborations intra européennes plus fortes. L’occasion de renforcer des liens dans un continent bousculé?
Autre rendez-vous concernant plus largement toute la planète : le nouveau rapport du GIEC, sans appel et plus qu’alarmant.
L'actu de ce numéro
Gros titres
- Les acteurs ferroviaires européens demandent des investissements. Le « sommet du rail » de Février dernier a rassemblé les leaders européens du secteur sous la houlette de la SNCF. L’occasion de rappeler le rôle majeur que peut jouer le rail dans la décarbonation des transports et de demander des investissements plus engagés. Voir aussi : L’Europe du rail court après la modernisation de son réseau : 1.500 milliards d’euros sont nécessaires ! (les difficultés du secteur face à la modernisation et l’innovation) et [Mobil’Idées] Pour le climat, développer le transport ferroviaire… quoi qu’il en coûte.
- Nouveau rapport du Giec sur le climat : « la situation s’est significativement aggravée ». Ce nouveau rapport affiche une meilleure compréhension des conséquences des épisodes climatiques extrêmes, comme les sécheresses et les tempêtes, sur la nature et sur
les populations humaines. Les progrès scientifiques réalisés depuis 7 ans permettent aujourd’hui d’affirmer avec encore plus de certitude que les catastrophes en hausse sont, dans un grand nombre de cas, liées à l’activité humaine. - Plus de moyens et plus de lignes: les souhaits de Jean-Pierre Farandou, patron de la SNCF. Le PDG de la SNCF rappelle aux candidats à l’élection présidentielle : “Sans un report modal fort de la route vers le train, l’objectif de l’accord de Paris sera inatteignable” et propose de propose de doubler la part du train pour une vraie transition climatique. Après l’Acte I que fut la réforme ferroviaire, il suggère cet Acte II pour le prochain quinquennat.
- Le fret ferroviaire attend l’argent promis par l’État. Les opérateurs, regroupés au sein de l’association 4F, attendent que les multiples promesses faites au secteur deviennent une réalité. Attributions de sillons, diminution des droits de passage et financements tardent à se concrétiser.
- Ferroviaire: la France “à la traîne” dans l’ouverture à la concurrence, estime le régulateur. Pour Bernard Roman, président de l’Autorité de régulation des transports, l’ouverture à la concurrence est “bonne pour le rail et pour la planète”. Celui-ci déplore que la France soit parmi les derniers à s’y intéresser, un choix politique coûteux, et fait des propositions pour accélérer la transition. Voir aussi : Ferroviaire : des sénateurs appellent à revoir de fond en comble le modèle de financement, et Ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs : l’étude de l’ART.
- Modernisation du ferroviaire : Jean-Baptiste Djebbari évoque une « suite » plus ambitieuse. Les objectifs de doublement de passagers transportés et de décarbonation d’ici 2030 restent d’actualité. Après une phase de régénération, le ministre évoque une “suite” faite de commande centralisée du réseau et de modernisation de la signalisation pour atteindre ces buts.
Le Tweet
1 autoroute ferroviaire = 20 000 camions en moins sur les routes.
— Jean-Baptiste Djebbari (@Djebbari_JB) February 17, 2022
Il y en aura bientôt une entre Cherbourg et Bayonne.
L’international
La guerre et le ferroviaire
Autres informations internationales
- La commissaire Vălean au sommet ferroviaire européen : lancement de l’entreprise commune «Rail européen» et clôture de l’Année européenne du rail. A l’occasion de la clôture de l’année Européenne du Rail, la commissaire participe au lancement de l’entreprise commune «Rail européen», le nouveau partenariat de l’UE pour la recherche et l’innovation dans le domaine ferroviaire.
- Une entreprise espagnole pourrait fournir gratuitement un plan de réhabilitation du transport ferroviaire au Liban. Autre pays, autre guerre, et un réseau détruit entièrement entre 1975 et 1990. Mais les pistes pour une renaissance ferroviaire au Liban sont multiples, avec Alstom qui prépare une étude pour 3 lignes et l’ambassadeur d’Espagne proposant de financer entièrement l’étude d’un plan ferroviaire dans le pays.
- Bolloré Railways se réengage à investir davantage dans le secteur ferroviaire africain. En 2021, le groupe avait annoncé un plan d’investissement de 1 milliard d’euros d’ici à 2030 pour contribuer à la remise à niveau et à l’extension du réseau africain. Il vient de confirmer son intention de répliquer sur d’autres territoires les modèles de transport ferroviaire mis en place au Cameroun (Camrail), entre la Côte-d’Ivoire et le Burkina (Sitarail), le Bénin et le Niger (Benirail).
- L’Egypte signe un protocole d’accords avec la Corée du Sud pour le secteur ferroviaire. Il porte sur la mise à niveau du système de la signalisation et des unités mobiles de métro, ainsi que la formation des travailleurs qui exploiteront les infrastructures et le matériel ferroviaires, au travers de contrats avec avec la multinationale Hyundai Rotem.
- 42 millions pour renforcer l’axe ferroviaire Bruxelles-Luxembourg. Le ministre de la Mobilité belge soumet au gouvernement sa répartition des 250 M€ consacrés au ferroviaire, en supplément des 365 millions dégagés dans le cadre du plan européen de relance. La part du lion revient au fret (180 M€) mais l’accessibilité aux gares et l’axe Bruxelles Luxembourg ne sont pas en reste. Objectif : positionner Bruxelles en tant que plaque tournante du trafic international.
- Importante étape franchie pour le projet de réseau ferroviaire des Emirats. Les voies entre Dubaï et Abu Dhabi viennent d’être reliées. Ce dernier tronçon de la voie ferrée entre les deux émirats marque la fin d’une phase importante d’un projet qui reliera à terme 7 émirats et l’Arabie Saoudite, tant pour le transport de passagers que le fret.
Régions
- La future liaison TGV Roissy-Picardie déclarée d’utilité publique. Suite à l’enquête publique, cet arrêté marque une nouvelle étape décisive dans ce projet controversé par les riverains, mais destiné, entre autres, à raccorder Amiens au réseau TGV et soutenir l’emploi dans la région.
- LGV Bordeaux-Toulouse : la région Nouvelle-Aquitaine boucle officiellement le financement du projet. Réponse à l’encombrement autoroutier de Bordeaux, la LGV représente pour les collectivités (40% du budget) un “investissement pour un siècle”. L’état financera à hauteur de 40%, l’UE à hauteur de 20%. Elle devrait réduire le temps de parcours de Toulouse à Paris d’une heure.
- Le ministre des Transports relance l’idée du contournement ferroviaire sud de Lyon (CFAL). Projet polémique et remis au carton suite à une consultation le long du trajet, le CFAL Sud pourrait revoir le jour, en conjonction avec un éventuel grand port fluvio-maritime à Marseille. Il permettrait au fret d’éviter les voies très saturées de Lyon.
Entreprises
- Comment SNCF Voyageurs veut contrer « la voiture et sa part de marché phénoménale » Pour doubler la part de voyageurs et de fret d’ici 2030, SNCF souhaite mettre en place des offres attractives pour remplir les TGV, faciliter l’accès aux gares pour les TER, et développer la complémentarité aérien / ferroviaire.
- Toyota priorise le transport ferroviaire pour réduire ses émissions et délais de livaisons. Le constructeur japonais est engagé dans une démarche de réduction de son empreinte carbone. Dans cette optique, les 270 trains annuels qui livreront 70 000 véhicules au royaume uni auront aussi le mérite de diviser le temps de livraison par deux.
- Les ÖBB confirment la commande de 186 rames Kiss à Stadler. Bonne nouvelle pour le groupe malmené par la géopolitique, et gagnant de l’appel d’offres ÖBB à qui il livrera 186 rames automotrices à deux étages de type Kiss de quatre, cinq et six voitures.
- Thales remporte un important contrat de signalisation ferroviaire à Kuala-Lumpur. La projet permettra au principal opérateur du pays de gérer ses 100 trains sur 100km de lignes. Le contrat est un des plus importants de l’histoire de Thalès.
Et aussi..
- Transports : quelles sont les propositions des candidats à la présidentielle ? Nationalisation, gratuité, investissement pour le réseau secondaire, arrêt des grands projets, modernisation, soutien au service public, … voici les propositions de tous les candidats, en tout cas de ceux qui en font.
- La production des premières traverses ferroviaires “vertes” a commencé à Baudou. Le béton de souffre émet émet 40% de CO2 de moins qui le béton de ciment, et permet de valoriser un déchet de l’industrie pétrolière. 200 000 traverses réalisées dans ce nouveau matériau ont été commandées par Infrabel, 5000 par les chemins de fer néerlandais, et des discussions sont en cours avec la SNCF.