Avis de grand fret
L’élection présidentielle passée, l’heure des mesures concrètes approche. Particulièrement pour la défense de l’environnement et le soutien au fret ferroviaire, qui en est l’un des axes de progrès les plus … en suspens.
D’un côté, les bonnes nouvelles: les nouvelles autoroutes ferroviaires, les entreprises toujours plus nombreuses à y avoir recours (comme Michelin et Kronenbourg récemment), les projets structurants de la CEE, les nouveaux partenariats. De l’autre, le constat d’une part modale toujours désespérément à la traine par rapport à nos voisins européens et à nos objectifs désormais moyen-terme.
La profession appelle à l’aide. Quelle sera la réponse de la nouvelle équipe dirigeante ?
L'actu de ce numéro
Gros titres
- Un quinquennat marqué par les investissements dans le rail ? L’échéance de 2030, date à laquelle la France s’est engagée à doubler la part modale du train dans les transports terrestres de marchandises. Pour l’instant, tout reste à faire, et le récent rapport du Conseil d’orientation des infrastructures encourage vivement le nouveau gouvernement à augmenter sensiblement les investissements.
- « L’ouverture à la concurrence ne profite qu’aux opérateurs ferroviaires historiques ». Président de Lisea, la société concessionnaire de la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique, Hervé Le Caignec, souhaite construire un centre de maintenance pour faciliter l’accès d’opérateurs nouveaux entrants au matériel roulant.
- CDG Express : la justice valide la création d’une ligne ferroviaire entre Paris et Roissy. La Cour administrative d’appel de Paris juge le projet « justifié par une raison impérative d’intérêt public majeur » et valide sa poursuite, revenant sur une décision précédente du tribunal administratif.
- Procès de la catastrophe de Brétigny : retour sur une semaine d’audience. Les accidents graves font malheureusement partie du paysage ferroviaire d’un pays. Le procès de la catastrophe de Brétigny tentera, en 8 semaines, de faire la lumière sur les causes de l’accident. La première a essentiellement été une « prise de contact pour les victimes avec les différents protagonistes du procès ».
L’international
- Les Pays-Bas consacrent 105 millions d’euros pour le projet ferroviaire du North Sea Port. Le projet ferroviaire du North Sea Port entre Gand et Terneuzen, devrait permettre de retirer 8 à 9 000 camions des routes de Belgique et des Pays Bas.
- CEE : deux nouveaux programmes pour développer le transport ferroviaire et fluvial. « REMOVE » Ca sonne presque comme le titre d’un blockbuster, mais c’est l’acronyme de « Report modal et verdissement des flottes de transport massifié », un programme visant à accélérer le développement à grande échelle du report modal des marchandises de la route vers le fleuve, le maritime (cabotage) et le fer.
- Fret ferroviaire : T3M et Hupac ouvrent une nouvelle connexion France – Italie. Déjà partenaires sur des lignes transfrontalières, les deux entreprises permettent depuis peu à la navette quotidienne de T3M de rallier Bonneuil (région parisienne) à Bari.
- Maroc-Espagne: et maintenant, le tunnel ferroviaire du détroit de Gibraltar! La déclaration conjointe adoptée en Avril entre le Maroc et l’Espagne promet de redynamiser les relations entre les deux pays, et peut-être de déboucher sur un tunnel capable d’accueillir transport de passagers, de fret, de véhicules accompagnés et de camions. 39km de tunnel, dont 28 en sous-marin.
- Crise énergétique en Inde: trains réquisitionnés, des millions de voyageurs bloqués. La vague de chaleur qui frappe l’Inde met à rude épreuve la production d’électricité du pays, dont les centrales sont en passe de manquer de charbon. De nombreux trains sont réquisitionnés pour assurer le réapprovisionnement.
- La Chine lance un nouveau service de fret ferroviaire vers l’Europe. Ce service traverse la mer Caspienne et la mer Noire via un transport combiné rail-mer et relie le Nord-Ouest de la Chine à l’Allemagne via le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, et plusieurs pays européens.
- Biélorussie. Sabotages ferroviaires: les cheminot·e·s en action. En dépit des menaces grandissantes envers ceux et celles qui les organisent, les sabotages se multiplient pour freiner l’utilisation militaire des chemins de fer biélorusses. 40 cheminots seraient entre les mains du KGB. Il en faut, du courage!
Régions
- Au Havre, Emmanuel Macron favorable au fret ferroviaire et fluvial. Encore candidat à cette date, le président a visité Port 2000, au Havre, pour discuter de son interconnection avec l’Est de la France et les pays limitrophes. L’objectif affiché étant de rattraper les grands ports comme Anvers.
Entreprises
- Eurostar se redresse lentement après la crise. Après avoir réduit la voilure jusqu’à 2 A/R quotidiens entre Paris et Londres, la société en propose aujourd’hui 13, soit 80% du trafic de 2019. Et les perspectives de croissance sont bien là.
- Ferroviaire : le rapprochement Thalys-Eurostar acté par la création d’une holding. Basée à Bruxelles et nommée Eurostar Group, elle est majoritairement détenue par SNCF Voyageurs. Son objectif: devenir un « Nouvel acteur européen de la mobilité durable à grande vitesse ».
- La SNCF préoccupée par la hausse des cours de l’énergie . 95% de l’électricité consommée en 2022 (1-2% de la production française) a déjà été achetée à des taux raisonnables, mais la société s’inquiète pour l’avenir si les effets cumulés de la guerre en Ukraine et de l’inflation perdurent. Voir aussi : Flambée de l’énergie: pas d’aides pour le fret ferroviaire français et Les opérateurs de fret ferroviaire s’inquiètent d’être les « oubliés de la crise ».
- Engie et Alstom s’allient pour développer le fret ferroviaire à l’hydrogène. Déjà évoqué lors de la précédente newsletter, ce projet commun vise à « accélérer l’adoption de l’hydrogène dans l’industrie ferroviaire et de développer des solutions innovantes dans le cadre du verdissement des mobilités lourdes, incluant le fret ferroviaire. »
- Alstom : ce contrat canadien qui redonne de l’espoir à Belfort. Le consortium ONxpress Transportation Partners, dont Alstom fait partie, a gagné le contrat de modernisation du système de transports de Toronto. Une bouffée d’air frais pour l’usine de Belfort après la suspension d’un contrat important avec l’Ukraine.
- Les feux repassent au vert pour Trainline. Profitant des difficultés initiales de l’application SNCF Connect, le concurrent aggrégateur britannique accélère, en permettant notamment la réservation de trajets impliquant les trains de sociétés diverses. Trainline affermit également sa stratégie pour le voyage professionnel, encore à la traine suite à la pandémie
- Brittany Ferries : le projet d’autoroute ferroviaire Cherbourg-Bayonne avance. La signature d’un accord-cadre avec SNCF Réseau marque une nouvelle étape significative dans ce projet de ferroutage qui acheminera jusqu’à 20 000 remorques annuellement entre le port de Cherbourg et le futur terminal de Mouguerre, près de Bayonne, peut être dès 2024.
Et aussi..
- Avec l’intelligence artificielle, arrive l’ère du travailleur augmenté. Intéressant panorama d’applications de l’IA dans divers secteurs, dont celui de ferroviaire, au travers de la maintenance prédictive.
- Pour bien commencer la semaine, vision nocturne, hydrogène et mobilité ferroviaire. Passage en revue de technologies prometteuses, dont une navette ferroviaire ultra-légère et autonome conçue par l’IMT Mines d’Albi. Voir aussi La SNCF veut voyager léger pour attirer plus de voyageurs.
- Et puis, parfois, la réalité dépasse la fiction, surtout au Japon 😉