Un point sur l'Afrique
Une importante partie de l’actualité de ce mois d’Aout fut consacrée à des projets africains. Bien que souvent d’une influence trop locale pour justifier une place dans la section International, ils dessinent collectivement un continent en forte effervescence ferroviaire. Le Maroc reste le leader dans ce domaine, entamant une grande mue de ses infrastructures, et continuant le développement de ses LGV à succès. Mais l’Egypte n’est pas en reste, et va passer commande de sept trains de luxe à Talgo. L’Algérie et la Tunisie relancent une ligne transfrontalière interrompue depuis 30 ans. Le Burkina annonce un investissement de 117 millions $ pour la fabrication locale de rails. La RDC attise les convoitises pour réhabiliter un tronçon stratégique. Et même le Tchad, déconnecté du reste du monde depuis 64 ans, cherche des solutions pour financer le développement des infrastructures de transport et désenclaver son territoire. Et comme ferroviaire et géopolitique marchent souvent main dans la main, il est intéressant – sans interprétation hasardeuse – de voir le Nigeria se rapprocher de la Chine et le Maroc s’en éloigner.
Bonne lecture !
L'actu de ce numéro
Dossiers
- Sabotages de voies ferrées. En France, suite aux sabotages qui ont eu lieu le 26 Juillet, juste avant l’ouverture des JO, le Gouvernement et la SNCF s’engagent dans le renforcement de la protection du réseau ferroviaire. En Allemagne, des faits similaires ont été perpétrés quelques jours plus tard, puis revendiqués et “justifiés” par un mouvement d’extrême gauche. La méthode est similaire dans les deux pays. Et l’ultragauche est aussi soupçonnée en France.
- Méga-camions : la dernière bataille du rail ? Le 12 mars 2024, le Parlement européen a autorisé les camions de 60 tonnes dans les États membres. Cette décision pourrait encourager le transfert du transport de marchandises du rail vers la route. Bien que ces méga camions promettent des économies de coûts et une réduction des émissions de gaz à effet de serre par tonne de marchandise transportée, ils suscitent des préoccupations environnementales et logistiques, notamment en ce qui concerne leur impact sur le fret ferroviaire et les défis du dérèglement climatique.
- Rail européen : des objectifs ambitieux mais un manque de volonté politique. Jon Worth, journaliste et professeur spécialisé dans les chemins de fer, critique l’écart entre les ambitions de l’Union européenne en matière de transport ferroviaire et la réalité sur le terrain, pointant un manque de volonté politique et d’investissements adéquats. Il soutient que pour atteindre les objectifs fixés, l’UE doit exercer plus de pression sur les États membres et mieux utiliser les infrastructures existantes.
L’international
- 5000 km de lignes ferroviaires à grande vitesse pour la Coupe du monde 2030. Les trois pays hôtes de la compétition Mondial 2030 misent sur un réseau ferroviaire à grande vitesse pour relier rapidement les différents sites, avec l’Espagne, le Maroc, et le Portugal modernisant leurs infrastructures pour garantir fluidité et durabilité des déplacements, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
- Ferroviaire : l’OPA d’un consortium hongrois sur l’espagnol Talgo bloquée par Madrid. Le gouvernement espagnol, qui a renforcé le contrôle des investissements étrangers dans les secteurs jugés stratégiques depuis 2020, a bloqué l’offre publique d’achat sur le constructeur ferroviaire Talgo (principal fournisseur de trains de la Renfe) par le hongrois Ganz Mavag Europe.
- En Allemagne, le prochain choc des prix sur le rail est imminent. Le gouvernement allemand va augmenter de 20 Md€ les fonds propres de Deutsche Bahn, mais le secteur ferroviaire redoute une hausse de plus de 20 % du prix des sillons, à cause de coûts imprévus et d’une attente de retour sur investissement du gouvernement) ce qui augmenterait les coûts pour les entreprises de fret et de transport, menaçant la compétitivité du rail par rapport à la route.
- Transport ferroviaire : Ursula von der Leyen veut faciliter les déplacements intra-UE. La présidente de la commission a promis un système unique de réservation des billets de train pour l’UE, une initiative déjà tentée mais non aboutie lors de son précédent mandat. La proposition fait face à des défis techniques et au lobbying des opérateurs ferroviaires, ralentissant sa mise en œuvre.
- Plus de trains, plus de sièges : L’Ukraine et la Pologne concluent un accord pour stimuler la connectivité ferroviaire. L’accord, signé pour développer le transport ferroviaire transfrontalier entre 2024 et 2026, doit améliorer les infrastructures, l’offre de sièges, et renforcer la connectivité vers des destinations européennes. Les deux pays coordonneront également des projets dans le cadre des corridors RTE-T et du programme Connecting Europe Facility.
- Réouverture ce lundi du tunnel ouest du Gothard. Le tunnel ferroviaire du Saint-Gothard, le plus long du monde, a partiellement rouvert aujourd’hui avec des tests dans le tube ouest, en vue de sa réouverture complète le 2 septembre 2024. Les trains InterCity, EuroCity et de marchandises reprendront alors un service normal avec un trajet raccourci d’une heure.
- La Chine teste avec succès un prototype d’Hyperloop maglev. La Chine a réalisé avec succès un test du projet Hyperloop maglev dans un tube de 2 km à Datong, validant l’intégration des systèmes et la technologie de sustentation magnétique. Ce projet vise des vitesses allant jusqu’à 1 000 km/h et pourrait réduire le temps de trajet entre Pékin et Shanghai à 90 minutes.
- La France et l’Allemagne achètent ensemble des trains transfrontaliers. Les 30 trains transfrontaliers Regiolis vont fluidifier la circulation ferroviaire entre les deux pays sans changer de train ni de conducteur, avec un déploiement prévu à partir d’octobre 2024. Ce projet, d’un coût de 388 M€, est financé par la région Grand Est et trois Länder allemands, et vise à faciliter les trajets des travailleurs transfrontaliers.
- Lancement de la première autoroute ferroviaire et maritime centrée autour du port de Valence. camions arrivant à Valence par mer depuis l’Italie ou la Grèce de rejoindre Madrid par train, grâce à une nouvelle autoroute ferroviaire. Ce projet vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 85 % par semi-remorque et pourrait s’étendre jusqu’au Portugal.
- La Pologne ouvre un appel d’offres pour le plus grand tunnel ferroviaire à grande vitesse du pays. La société Centralny Port Komunikacyjny (CPK) a lancé un appel d’offres pour construire le plus long tunnel ferroviaire à grande vitesse de Pologne, situé à Łódź, dans le cadre du projet de ligne ferroviaire « Y » reliant Varsovie à plusieurs grandes villes polonaises. Ce tunnel, long de 4,6 km, est un élément crucial du projet visant à réduire les temps de trajet à moins de 100 minutes entre Varsovie et d’autres centres urbains, avec une finalisation prévue pour 2032. Voir aussi : Le plus grand projet ferroviaire jamais réalisé démarre près de la frontière entre la Pologne et la République tchèque.
Régions
- Eboulement en Maurienne: pas de réouverture de la ligne SNCF avant début 2025. Les travaux de déblaiement d’une galerie ferroviaire en Maurienne, retardés par la découverte de cavités instables, ne seront pas terminés avant le premier trimestre 2025, repoussant la réouverture prévue initialement pour l’automne 2024. Ce chantier complexe et dangereux est pourtant crucial pour la liaison ferroviaire entre la France et l’Italie, et des mesures de soutien pour l’économie locale seront activées en attendant la réouverture.
- 86 millions d’euros pour moderniser la ligne ferroviaire Nice-Breil-sur-Roya. La Région PACA lance un projet de modernisation de la ligne ferroviaire Nice-Breil-sur-Roya, avec un investissement total de 86 M€, dont 56 M€ financés par la Région. Les travaux, répartis en trois phases jusqu’en décembre 2025, incluent un budget de 8 M€ pour des cars de substitution pendant les fermetures de la ligne.
- Le train à hydrogène du futur débarque en France : quand allez-vous prendre votre billet ? Un train alimenté par une pile à hydrogène, le Coradia iLint d’Alstom, a été testé en France, marquant une avancée vers la décarbonation des lignes ferroviaires non électrifiées. Bien que prometteur pour l’environnement, ce projet fait face à des défis techniques et financiers, notamment en ce qui concerne l’infrastructure et la fabrication de l’hydrogène. Mais certaines rames pourraient circuler en 2024 et d’autres seront livrées en 2025.
- 900 millions d’euros d’aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux : les élus et les citoyens divisés sur leur utilité. Le projet de création d’une troisième voie ferroviaire au sud de Bordeaux, dans le cadre du GPSO, est contesté par des élus et habitants qui craignent des impacts écologiques et une priorité donnée aux trains à grande vitesse au détriment des lignes locales. Malgré des soutiens pour son potentiel d’amélioration des mobilités quotidiennes, de nombreuses réserves et oppositions s’expriment quant à son utilité et son impact environnemental.
Entreprises
- )))En savoir plus sur RT en français: https://francais.rt.com/afrique/111613-tunisie-banque-europeenne-dinvestissement-intervient
TGV : pourquoi la Renfe séduit les voyageurs français… et va ouvrir de nouvelles lignes dans l’Hexagone. Un an après son arrivée en France, la compagnie ferroviaire espagnole Renfe a séduit 620 000 passagers avec des tarifs compétitifs et un bon taux de remplissage. Satisfaite de ce succès, elle prévoit de multiplier par quatre ses trains quotidiens et d’ouvrir de nouvelles lignes, incluant des trajets 100 % français.
Et aussi..
- BRICS + : un nouveau pays frappe à la porte. Le groupe BRICS+, aujourd’hui fort de dix membres, attire de nouveaux candidats comme l’Azerbaïdjan, qui a officiellement demandé à rejoindre le groupe le 20 août 2024. Son adhésion est soutenue par la Russie et la Chine, et vise à renforcer ses relations économiques et diplomatiques tout en se positionnant comme un carrefour stratégique entre l’Est et l’Ouest, malgré un processus d’adhésion très surveillé qui relève du un jeu d’équilibriste diplomatique.
- Klv-20 : le mythique van Volkswagen T1 passe de la route aux rails grâce à une étonnante invention. Pour finir avec le sourire, cette invention allemande unique, le Klv-20 est un Volkswagen T1 modifié pour rouler sur des rails, utilisé initialement par la Deutsche Bundesbahn dans les années 1950 pour transporter du matériel et des ouvriers. Ce van-rail atypique, récemment remis en service pour des tours touristiques en Allemagne, offre une expérience pittoresque et nostalgique.