Rail et mobilité N°93 (30 Septembre 2024)

Libéralisation et innovation

Le mois qui se termine a mis en lumière deux tendances clés pour le ferroviaire. D’une part, l’ouverture à la concurrence en Europe continue de transformer le secteur : baisse des prix, meilleure qualité des services, et ce malgré des défis à relever, notamment les pertes subies par Trenitalia en France.

D’autre part, les innovations technologiques, comme l’intelligence artificielle en Belgique, l’automatisation chez Alstom et au Japon, et une alternative à la 5G en Finlande, redéfinissent la gestion ferroviaire. Infrabel et Alstom, pionniers dans ces domaines, montrent comment la technologie peut améliorer sécurité, maintenance et logistique. 

Notons aussi des alliances transfrontalières, comme celles entre Maroc et Espagne, Maroc et Sénégal, Jordanie et Émirats arabes unis, avec là aussi des difficultés à surmonter chez Rail Baltica.

 

L'actu de ce numéro

Dossiers

L’international

  • Pas de 5G ? Le système de communication ferroviaire unique de la Finlande offre un nouveau modèle à l’Europe. La Finlande innove en utilisant des réseaux radio commerciaux pour la communication ferroviaire, évitant ainsi un réseau 5G coûteux dédié. Ce projet pilote, mené par Fintraffic dans le cadre du programme Digirail, vise à moderniser le système ferroviaire en combinant des données d’interférences des opérateurs pour améliorer l’efficacité et réduire les coûts de communication entre trains.
  • Ferroviaire: le Maroc et le Sénégal signent deux conventions. Le Maroc et le Sénégal ont signé deux conventions de coopération pour renforcer leur collaboration dans le secteur ferroviaire, impliquant l’ONCF, SEN-TER-SA et l’Institut de formation ferroviaire. Cette initiative s’inscrit dans une volonté commune de consolider les liens bilatéraux en matière de transport, avec un focus sur la maintenance ferroviaire, la sécurité routière, et la promotion des bonnes pratiques dans le domaine.
  • L’Inde accélère 38 projets ferroviaires pour améliorer le transport de charbon. Ces projets ferroviaires doivent optimiser la logistique du charbon, réduire les coûts et garantir un approvisionnement stable aux centrales électriques. Ces initiatives, concentrées dans des régions clés comme Odisha et Talcher, visent à améliorer l’efficacité du transport, augmenter les volumes acheminés et renforcer la sécurité énergétique face à une demande croissante.
  • Un projet ferroviaire de 2,3 milliards de dollars renforce les liens entre la Jordanie et les Émirats arabes unis. La Jordanie et les Émirats arabes unis ont signé un accord pour un projet ferroviaire de 2,3 milliards de dollars visant à améliorer les exportations de minéraux jordaniens, notamment le phosphate et la potasse. Ce partenariat stratégique s’inscrit dans un programme d’investissements plus large et devrait être opérationnel d’ici 2030, renforçant la coopération économique régionale.
  • LGV Kénitra-Marrakech : Un nouveau chapitre ferroviaire sous l’égide du géant chinois CREC 4. Le projet d’extension de la Ligne à Grande Vitesse entre Kénitra et Marrakech progresse avec l’attribution du premier lot de travaux de génie civil à China Railway NO.4 Engineering (CREC 4) pour 3,4 milliards de dirhams. Ce projet renforce ainsi les ambitions du Maroc en tant que hub ferroviaire régional.
  • Rail Baltica : une ligne ferroviaire à la dérive. Le projet Rail Baltica, visant à relier les États baltes à la Pologne par une ligne à grande vitesse, subit d’importants retards et une explosion des coûts atteignant 15 milliards d’euros. Alors que l’Estonie et la Lituanie progressent, la Lettonie fait face à des blocages financiers, notamment liés à la desserte de Riga, compromettant l’avancement du projet.
  • Le Royaume-Uni se dote d’un nouveau pont ferroviaire, le plus long du monde, à l’occasion d’une étape importante de la HS2. Le Royaume-Uni a achevé le plus long pont ferroviaire du pays, un viaduc de 3,4 km dans la vallée de la Colne, qui fera partie de la ligne à grande vitesse HS2 reliant Londres à Birmingham. Ce projet vise à réduire les temps de trajet et à libérer de l’espace sur les lignes existantes, avec une mise en service prévue entre 2029 et 2033.
  • Deux pays arabes se lancent dans un projet ferroviaire majeur. Les Émirats arabes unis et la Jordanie démarrent un projet ferroviaire de 2,3 milliards de dollars pour renforcer l’exportation des ressources minérales jordaniennes, dans le cadre d’une stratégie régionale de diversification économique post-pétrole. Ce partenariat, inscrit dans un programme d’investissements plus large, vise à renforcer les relations économiques et la coopération entre les nations arabes.
  • Des nouvelles du tunnel entre l’Espagne et le Maroc. Le projet de tunnel sous-marin reliant l’Espagne au Maroc via le détroit de Gibraltar refait surface, soutenu par un rapprochement diplomatique entre les deux pays. Ce tunnel ferroviaire, long de 38,5 km et estimé à plus de 26 Md€, vise à faciliter les échanges économiques et culturels entre l’Europe et l’Afrique, avec un lancement des travaux prévu d’ici 2030.

Régions

Entreprises

  • Transport ferroviaire : Colas Rail va rénover la ligne 1 du métro du Caire. La filiale du groupe français Colas, a signé un contrat de 864 millions d’euros pour rénover la ligne 1 du métro du Caire, renforçant ainsi sa présence en Égypte aux côtés de ses partenaires Orascom et Hitachi Rail. Ce projet s’inscrit dans la continuité de leur collaboration sur les infrastructures ferroviaires égyptiennes, notamment la construction des lignes du métro du Caire et un autre contrat de 1,3 milliard d’euros pour la ligne de métro d’Alexandrie.

  • Transport ferroviaire : Systra décroche deux grands contrats pour des projets LGV aux Etats-Unis et au Maroc. Systra, spécialiste des lignes à grande vitesse, a remporté deux nouveaux contrats aux États-Unis et au Maroc, renforçant ainsi sa position sur le marché mondial des LGV. Ces succès interviennent alors que ses actionnaires historiques, la SNCF et la RATP, ont cédé la majorité du capital à Latour Capital et Fimalac. Systra ambitionne de doubler son chiffre d’affaires dans les six ans et a déjà été impliqué dans près d’une ligne de métro sur deux dans le monde.

  • Alstom : projet de transport ferroviaire autonome. Alstom, en collaboration avec des partenaires allemands, a lancé le projet ARTE pour développer une exploitation automatisée des trains (ATO, Automatic Train Operation) via le système ETCS sans équipements au sol. Un prototype a été testé en mode autonome à Salzgitter, utilisant des caméras pour détecter les obstacles et lire les signaux ferroviaires. Voir aussi : Alstom fait rouler ses premiers trains autonomes.
  • 24 millions de voyageurs pour la SNCF cet été. Malgré un mois de juillet difficile marqué par des perturbations et des sabotages, la fréquentation a connu une forte hausse de la fréquentation en août due aux Jeux olympiques. Le transport régional a également progressé, notamment grâce au succès du passe rail, avec une augmentation de 10 % de la fréquentation des TER par rapport à 2023.

Et aussi..

  • Draisy, un train léger pour les lignes rurales. Où l’on reparle du train léger prévu pour fonctionner sur des lignes rurales vieillissantes sans nécessiter de gros travaux. Doté d’une batterie d’une autonomie de 100km et capable de transporter 80 passagers, Draisy devrait connaitre ses premiers essais l’an prochain et sa première expérimentation l’année suivante.
  • Le Luxembourg est le pays européen qui investit le plus dans le réseau ferroviaire. Malgré une dotation en légère baisse, le Luxembourg reste loin devant les autres pays européens. Suivent la Suisse et l’Autriche. La France se situe en queue de peloton, avec dix fois moins de dépense par habitant que le Grand Duché.
  • Fret ferroviaire : de la nécessité de disposer d’itinéraires alternatifs. Hupac souligne l’importance d’itinéraires alternatifs pour le fret ferroviaire européen, après avoir réussi des détournements via la ligne Strasbourg-Lauterbourg en août 2024, face aux travaux à Rastatt. Hupac milite pour l’adaptation de la ligne Belgique-Metz-Strasbourg-Bâle au gabarit P400 afin d’augmenter la capacité et d’éviter des blocages futurs liés aux fermetures de lignes allemandes.
  • Le train à grande vitesse Shinkansen fête ses 60 ans. Le Shinkansen japonais, qui fête ses 60 ans, est un symbole de l’ingénierie japonaise avec sa rapidité, sa sécurité et sa ponctualité, transportant quotidiennement des centaines de milliers de passagers à travers l’archipel. Malgré la concurrence internationale, il reste une icône de la mobilité moderne, avec des projets d’automatisation d’ici les années 2030 pour pallier la pénurie de main-d’œuvre.