Perspectives et dossiers
En plus de nos habituelles rubriques « International », « Régions » et « Entreprises », ce numéro de notre newsletter en introduit une nouvelle intitulée « Dossiers ». Tous les mois, on s’aperçoit que certaines actualités suscitent plus d’intérêt dans les médias que d’autres, et reçoivent une couverture plus large. Plus large, mais aussi plus polarisée, parfois dominée par des perspectives personnelles. A partir de ce numéro 79, nous traiterons donc ces dossiers plus commentés, en présentant plus de sources, plus d’angles divers, ainsi qu’une synthèse objective. Parce que les perspectives, c’est bien, mais les faits, c’est mieux.
L'actu de ce numéro
Dossiers
- Barreau ferroviaire Roissy-Picardie. (Surcoût, subventions refusées : le barreau ferroviaire Roissy-Picardie verra-t-il le jour ? et Le barreau ferroviaire Roissy-Picardie est sur la mauvaise voie, et Le barreau ferroviaire Roissy-Picardie «se fera», rassure le ministre des Transports.)
L’UE vient de refuser une subvention à la liaison entre l’aéroport de Roissy et Amiens, qu’elle n’a pas retenu parmi ses 107 sujets d’infrastructures prioritaires, suscitant l’inquiétude des élus locaux, et laissant 80 M€ de vide dans un budget qui ne cesse d’augmenter au fur et à mesure que le projet est repoussé. Clément Beaune ne partage pas la vision alarmiste, arguant que la subvention viendra plus tard et que l’unité de tous les acteurs politiques autour du projet en garantit la réussite.
- GPSO. (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest : l’Europe s’engage à hauteur de 59,7 M€)
Le projet vise à désenclaver la région plus pauvre en LGV que d’autres, en offrant des liaisons rapides entre Bordeaux et l’Espagne, et Toulouse. Le 20% de financement européen prévus au plan viennent de lui être accordés, laissant 40% à l’État et 40% aux collectivités. Cette somme s’ajoute à d’autres obtenues lors d’appels à projets précédents, pour un total de près de 100 M€.
- Tunnel ferroviaire Lyon-Turin. En matière de polarisation, les autres dossiers évoqués ici sont tous éclipsés par le redoutable TELT. (Lyon-Turin : où en est le chantier de la nouvelle ligne ferroviaire entre la France et l’Italie, Pourquoi des militants écologistes s’opposent au projet ferroviaire Lyon-Turin, Ligne ferroviaire Lyon-Turin : les partisans du projet veulent aussi faire entendre leur voix, Liaison ferroviaire européenne transalpine : les sympathisant Verts et LFI favorables, 81% des Rhônalpins seraient favorables à la création de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, Le fret ferroviaire entre la France et l’Italie a-t-il énormément diminué, comme l’affirment des personnalités de gauche ?, Lyon-Turin : cinq choses à savoir sur ce projet ferroviaire, considéré comme le « chantier du siècle » en Savoie, Wauquiez: «Si la Métropole tire à balles réelles sur le projet ferroviaire Lyon-Turin, on ne peut pas le sortir»)
Sondage ifop, manifestations, comité de lobbying, opinion de sympathisants politiques, la bataille du TELT (65 kM, avec 57,5 kM en tunnel principal et 160 kM de galeries diverses) se joue aujourd’hui sur le terrain de l’acceptation du projet dont les travaux ont commencé il y a plus de 30 ans ! 1200 employés et 7 tunneliers seront déployés au plus fort du projet qui pourrait aboutir en 2032 et promet un report modal vers le train de 25M tonnes du transport de marchandise transalpin (40M tonnes au total). Les opposants s’inquiètent d’un coût faramineux et des impact écologiques (assèchement de nappes phréatiques, perte de sol arable, 10M de tonnes de CO2 de la construction très longs à amortir) pour un gain minime de temps de transport alors que les infrastructures existantes, sous exploitées, pourraient être modernisées pour un résultat proche (16M tonnes). A la demande de EELV et LFI, une commission d’enquête parlementaire informelle a été lancée le 14 Juin avec un premier rapport possible au début 2024. De son côté, le ministère inverse la relation de causalité expliquant la chute du fret ferroviaire transalpin par la vétusté des installations actuelles.
- Railcoop. (Ligne ferroviaire Lyon-Bordeaux : le projet de Railcoop en danger ?, La coopérative ferroviaire Railcoop en grandes difficultés financières, Ferroviaire : Railcoop au bord de la cessation de paiement)
La coopérative annonce un déficit de 4.3M€ en 2022. Sans levée de fonds rapide, elle pourrait déposer le bilan. Dans une lettre adressée à ses sociétaires le 20 Juin, elle a détaillé la liste des échéances à tenir et estimé ses besoins à 2,8 millions d’euros d’ici à l’été 2024, date d’ouverture espérée de sa ligne phare Bordeaux-Lyon. Sa survie dépend donc de l’envie des sociétaires de croire à l’avenir du projet et de leur souscription aux 100 000 bons d’achats de 30 € qui vont être émis.
L’international
- L’Allemagne doit restructurer sa compagnie ferroviaire nationale défaillante, selon des experts. C’est la Commission allemande des monopoles qui l’affirme: « L’infrastructure ferroviaire allemande est actuellement en mauvais état. Elle est qualifiée de limitée, vétuste et sujette à des défaillances. … [Les lacunes existantes] se traduisent avant tout par des retards de trains à grande échelle ». En 2022, un train sur trois est arrivé en retard. Pour y remédier, la commission recommande une séparation complète entre l’infrastructure et les opérations ferroviaires.
- CFL : Le réseau ferroviaire «le plus moderne en Europe» en 2035? Hors période de Covid, le transport ferroviaire de passagers ne fait qu’augmenter au Luxembourg. Les travaux de la gare centrale et de gros chantiers aux alentours vont permettre non seulement d’absorber cette forte hause de la demande, mais aussi d’améliorer accueil et intermodalité.
- Comment Bâle construit son «Rhin Express». Après le succès du Léman Express, une infrastructure similaire se prévoit autour du Rhin. Appelée RER trinational de Bâle, Trireno en abrégé, elle devrait relier l’EuroAirport trinational de Bâle-Mulhouse-Fribourg-en-Brisgau au rail. Des incertitudes persistent sur la nationalité des rames employées, et la date de mise en service.
- Le Mexique présente une alternative par rail au canal de Panama. Le « corridor interocéanique », long de 300 kM, reliera le Pacifique à l’Atlantique à hauteur de Salina Cruz, et devrait contribuer au développement du sud du Mexique en attirant des parcs industriels le long de la voie et en transformant les ports de part et d’autre du trajet.
Régions
- La ligne ferroviaire Briançon-Marseille en 3 heures, bientôt une réalité. Près de 700 M€ d’investissement sont prévus dans un contrat de plan État-Région signé le 20 Juin 2023, dont 155 M€ pour le ferroviaire. Le temps de trajet entre Briançon et Marseille devrait fortement en bénéficier, passant de 4h38 à 3h, mais l’avenir des petites gares intermédiaires n’a pas encore été décidé.
- Ferroviaire. L’Union européenne soutient la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan . La LNMP fait partie des infrastructures de transport durable que l’UE a choisi de soutenir financièrement. 50% du montant des études (2023 – 2024) est financé à hauteur de 6,3 M€ et l’Europe devrait règler 20% de l’ardoise des travaux de 150km (le reste étant partagé par l’Etat et la Région).
- TER : la région Auvergne-Rhône-Alpes lance l’ouverture à la concurrence. Le conseil régional a défini le calendrier pour 5 lots, de 2029 à 2034. Chaque lot étant de gros volume, il exclut les réponses de petites entreprises.
Entreprises
- La compagnie ferroviaire espagnole Renfe lance ses premières liaisons à petits prix en France. 11 000 billets ont déjà été vendus sur pour trajets Barcelone-Lyon dès le 13 juillet, puis Madrid-Marseille qui sera lancé le 24 Juillet. L’objectif de la Renfe est de jouer un rôle majeur sur l’axe Barcelone Paris en vue des JO de 2024. (quelques jours plus tard: 31 000 billets vendus.)
- Ferroviaire : Renfe veut dissiper les soupçons d’abus de position dominante en Espagne. La société s’engage à partager des données sur ses offres de billets en ligne avec des distributeurs concurrents, pour répondre aux critiques de l’UE, qui incite maintenant ces concurrents à confirmer ces engagements dans les 6 mois à venir.
- La SNCF veut prolonger la durée de vie de ses TGV. Pour faire face à une demande record, la SNCF veut compléter les rames que livrera Alstom en 2024 et 2025 par des rames rénovées pour prolonger leur durée de vie de 3 à 10 ans par rapport aux objectifs initiaux.
- Ferroviaire : La Deutsche Bahn a imprimé en 3D 100 000 pièces détachées. Depuis 2015, DB imprime des pièces de rechange en plastique. Aujourd’hui, elle cumule 500 cas d’application, réduisant le délai de maintenance de ses équipements. Aujourd’hui, elle imprime même des pièces métalliques, s’appuyant sur un réseau de prestataires spécialisés pour devenir le leader de cette spécialité.
- Haropa Port et SNCF Réseau renforcent la qualité de service du fret ferroviaire. L’ambition du duo est de doubler la part modale du ferroviaire à l’échelle de l’axe Seine (pour passer à 8.000 trains par an en 2025) et tripler les volumes de conteneurs transportés par le fer, avec le concours de l’opérateur MSC – TIL. Haropa Port a également engagé le grand projet de décarbonation « Ambition ferroviaire 2025 » à hauteur de 15 M€.
- Thales : la vente du ferroviaire à Hitachi pourrait être bloquée par le Royaume-Uni. La Competition and Markets Authority (autorité britannique de la concurrence) pourrait imposer à Hitachi ou Thales de vendre certaines de leurs activités avant la cession de l’activité de signalisation ferroviaire Ground Transportation Systems (GTS) de Thales à Hitachi Rail, ou même la bloquer complètement si elle juge la concurrence trop dommageable à certains marchés du rail au Royaume-Uni.
- Le français Alstom implantera deux usines de matériel ferroviaire en Egypte. Le géant français va aider l’Egypte à réaliser ses ambitions de super-puissance africaine du ferroviaire en implantant deux usines d’équipements et de matériel roulant à Borg al-Arab, près de la Méditerranée.
Et aussi..
- Mobilités durables : quel avenir pour le train en Europe ? Intéressant dossier sur les perspectives d’harmonisation des technologies et de tarifications en Europe, les menaces de la route, et une carte du réseau central.
- Un nouvel appel à favoriser le report modal vers le transport ferroviaire. Dans un rapport récent, l’Assemblée Nationale appelle à stimuler ce report modal, particulièrement vers le ferroviaire, notamment au travers de nouveaux impôts pour les employeurs, et une baisse de la TVA sur le prix des billets, afin que le coût d’infrastructure soit moins supporté par l’usager.
- Le nouveau Maglev chinois serait le train le plus économe, le plus rapide et le plus sûr au monde. C’est l’EurAsian Times qui fournit les hyperboles, mais l’absence de frottements due à la technologie Maglev permet bien d’atteindre des vitesses extrêmement élevées. Et la Chine est en train de la déployer à plusieurs endroits sur son territoire.