Tetris concurrentiel
2025 s’annonce dynamique pour le ferroviaire en France et à l’international. L’ouverture à la concurrence du TGV s’accélère avec la poussée de nouveaux acteurs comme Proxima et Trenitalia et une pression accrue sur les prix, l’expansion européenne de la SNCF, et l’offensive de Virgin sur l’Eurostar. Le Sénat souligne les premiers objectifs atteints, 7 ans après le nouveau pacte ferroviaire, mais aussi les nombreux défis qui restent à relever. Et les pistes pour amener les nouveaux concurrents de la SNCF dans l’Hexagone à contribuer au soutien des lignes moins rentables restent floues. Pendant ce temps, la restructuration du fret ferroviaire avec la création d’Hexafret et Technis soulève des inquiétudes sur l’avenir du secteur. À l’international, les grands projets se multiplient : du Maroc à la Turquie et à l’Ethiopie, en passant par l’Ukraine et le Kenya, le rail s’affirme toujours comme un levier de développement stratégique. En parallèle, la technologie progresse avec le CR450 chinois, mais aussi les difficultés des premiers trains à hydrogène. Plus que jamais, l’industrie ferroviaire semble donc en mutation, entre compétition, innovation et enjeux d’infrastructure.
L'actu de ce numéro
Dossiers
- Le TGV s’ouvre à la concurrence, la France fait le plein de projets à grande vitesse ! En 2025, l’ouverture à la concurrence du ferroviaire en France s’accélère avec de nouveaux entrants comme Proxima, visant 10 millions de voyageurs d’ici 2028, et des projets pour améliorer le maillage territorial. La SNCF reste solide avec des bénéfices constants et un TGV en plein essor, tandis que la concurrence pourrait faire baisser les prix des billets de 10 à 20 % à terme.
- Réouvertures de lignes et Passages à niveau : un parcours semé d’embûches ! La Fnaut dénonce les obstacles réglementaires et financiers liés aux passages à niveau (PN), freinant la réouverture des lignes ferroviaires, notamment à cause d’interprétations restrictives des règles et des coûts élevés. Elle réclame un arrêté ministériel clair pour favoriser ces réouvertures, tout en prônant des solutions de compromis pour réduire les coûts et maximiser les bénéfices environnementaux et sécuritaires.
- Météo. Le mauvais temps a causé de nombreuses perturbations en région (Nouvelle Aquitaine et Bretagne, pour n’en citer que deux).
- Restructuration du fret ferroviaire : le pari osé du changement d’aiguillage. Fret SNCF a été dissous le 1er janvier 2025 pour donner naissance à Hexafret, spécialisée dans le transport ferroviaire mutualisé, et Technis, dédiée à la maintenance des locomotives. Bien que les syndicats et certains élus dénoncent un affaiblissement du secteur, le gouvernement espère que les nouvelles entités pourront se développer grâce à des aides et des investissements. Toutefois, des inquiétudes persistent concernant le transfert du trafic vers la route et l’avenir des infrastructures nécessaires au secteur.
L’international
- Ethiopie : un projet ferroviaire de 392 km bientôt relancé ? L’Éthiopie prévoit de relancer le projet ferroviaire stratégique Awash-Kombolcha-Hara Gebeya, suspendu depuis 2020 à cause du conflit régional, en lançant un appel à manifestations d’intérêt pour évaluer les pertes et reprendre les travaux. Une fois achevé, ce corridor de 392 km améliorera les capacités de transport, réduira les coûts logistiques et favorisera le développement économique et social des régions du Nord.
- Saarstahl livre les premiers rails à l’Ukraine pour reconstruire le réseau ferroviaire. La livraison de 20 000 tonnes de rails par Saarstahl, financée par un prêt français de 37,6 M€, marque une étape essentielle dans la réparation de 150 km de voies ferrées en Ukraine, gravement endommagées par la guerre. Ce projet symbolise le soutien européen à la reconstruction et à la modernisation du réseau ferroviaire ukrainien, renforçant les liens économiques et politiques avec l’Europe.
- Le Maroc exportera des wagons vers l’Europe et l’Afrique. Le Maroc prévoit un plan ferroviaire stratégique de 400 milliards de dirhams d’ici 2040, incluant la fabrication locale de trains et l’exportation vers l’Europe et l’Afrique. Ce plan vise à connecter 43 villes, 87 % de la population, 12 ports et 15 aéroports, tout en générant 300 000 emplois et en modernisant le réseau ferroviaire national.
- Kenya : négociations avec les Émirats pour un projet ferroviaire. Le Kenya négocie un partenariat stratégique avec les Émirats arabes unis pour étendre son réseau ferroviaire à écartement standard (SGR) vers l’Ouganda et le Soudan du Sud, visant à stimuler l’intégration régionale et le commerce. Ce projet, marqué par le retrait de la Chine et l’entrée d’acteurs comme Yapi Merkezi et les Émirats, ambitionne de transformer l’Afrique de l’Est en un hub commercial tout en surmontant des défis financiers et logistiques.
- Programme nucléaire, guerre en Ukraine… A quoi va servir l’accord stratégique que viennent de signer la Russie et l’Iran ? Vladimir Poutine et Massoud Pezeshkian ont signé un accord stratégique renforçant la coopération diplomatique, économique et militaire entre la Russie et l’Iran, notamment pour contourner les sanctions occidentales. Les deux pays travaillent sur un corridor ferroviaire et naval de transport international Nord-Sud, reliant la Russie à l’Inde via Bakou (Azerbaïdjan) et Téhéran. Ce projet vise à contourner certaines sanctions internationales, bien que son développement soit encore en cours.
- Course à la technologie : La Chine dévoile CR450, ‘‘le train électrique le plus rapide au monde’’. Le CR450, train chinois atteignant 400 km/h en service et 450 km/h en test, est le plus rapide du monde après le Maglev (603 km/h). Il combine innovations technologiques et confort, suscitant l’intérêt de l’Afrique pour moderniser ses infrastructures ferroviaires avec l’aide de la Chine.
- Tunnel Maroc-Espagne : l’allemand Herrenknecht entre en jeu. Le projet franchit une étape clé avec l’implication de Herrenknecht AG, leader mondial des tunneliers, pour évaluer la faisabilité technique du projet. Après une étude sismique, l’entreprise allemande analysera la résistance du tunnel aux conditions extrêmes du détroit, notamment sa profondeur de 475 mètres. Ce projet ambitieux, qui pourrait transformer les échanges entre l’Europe et l’Afrique, reste dépendant de la sécurisation de son financement, estimé à 6 milliards d’euros.
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La Turquie va construire une ligne ferroviaire à grande vitesse jusqu’à la frontière avec la Géorgie. La LGV de 509 km reliant Samsun à Sarpi, passant par Ordu, Giresun, Trabzon, Rize et Artvin, connectera Ankara à la Géorgie. Annoncé par Recep Tayyip Erdogan, ce projet devrait bientôt démarrer et desservira 10 millions de passagers par an.
Régions
- Lancement du SERM, un cocon pour le futur RER métropolitain grenoblois. Le projet de RER métropolitain grenoblois avance avec la création d’un Service express régional métropolitain (SERM), réunissant plusieurs acteurs pour coordonner les modes de transport, mais la principale question reste le financement, estimé entre 1 et 1,5 milliard d’euros. Les collectivités locales insistent sur la nécessité d’un financement majoritaire de l’État, compte tenu du contexte économique difficile.
- En 2025 dans le Loiret : année de travaux sur la ligne ferroviaire POLT, « pour la bonne cause ». En 2025, des travaux sur la ligne POLT entre Paris et Toulouse entraîneront des coupures de trafic pendant près de six mois, affectant les usagers du nord d’Orléans. Malgré les difficultés temporaires, la modernisation de la ligne devrait améliorer la ponctualité et le confort d’ici 2026.
- Lorraine : Un centre ferroviaire à 105 M€ pour améliorer le rail frontalier. Un centre de maintenance ferroviaire de 105 millions d’euros est en construction à Montigny-lès-Metz pour entretenir 41 rames TER du sillon lorrain, cofinancé par la région et le Luxembourg. Ce projet, qui s’inscrit dans une coopération transfrontalière pour améliorer la mobilité, vise à doubler la capacité ferroviaire d’ici 2030.
Entreprises
- Trains vers Londres de Virgin Group : quel est ce projet qui veut concurrencer l’Eurostar ? Le groupe Virgin prévoit d’investir près de 600 millions d’euros pour acquérir 12 trains à grande vitesse auprès d’Evolyn, dans le but de concurrencer l’Eurostar et proposer des liaisons ferroviaires transmanche reliant Londres à l’Europe continentale. Ce projet ambitieux, nécessitant une levée de fonds globale de 1,2 milliard d’euros, marque une nouvelle étape dans l’expansion de Virgin sur le marché ferroviaire international.
- Alstom : contrat au Canada pour la révision de voitures de trains suburbains. Alstom modernisera 181 voitures de train suburbains de GO Transit en Ontario, Canada, dans le cadre d’un contrat de 500 millions de dollars canadiens. Les travaux, prévus dès 2026 sur le site de Thunder Bay, prolongeront l’activité locale jusqu’en 2030 et renforceront un partenariat de longue date avec Metrolinx.
- SNCF: une fréquentation record en 2024, avant l’intensification de la concurrence. En 2024, SNCF Voyageurs a enregistré une hausse de fréquentation de 4% en TGV et 10% en TER, mais doit faire face à une pénurie de rames et à l’intensification de la concurrence, avec l’arrivée de 70 rames concurrentes d’ici 2030. La compagnie prévoit d’atteindre 200 millions de voyageurs en grande vitesse d’ici 2030, en s’implanter davantage en Europe, notamment en Italie. Voir aussi : SNCF : une croissance sans précédent et des ambitions européennes. En 2024, SNCF Voyageurs affiche des résultats record avec une forte croissance de la fréquentation et une stratégie d’expansion internationale, visant à doubler son chiffre d’affaires hors de France d’ici 2034. Face à une concurrence croissante, la compagnie mise sur l’innovation, l’augmentation de sa capacité d’accueil et l’arrivée du TGV M pour maintenir sa position de leader européen.
- L’Espagne va-t-elle fusionner Renfe, Adif et Talgo pour former un super-groupe ferroviaire ? Le ministre espagnol des Transports, Oscar Puente, a rejeté l’idée de créer un super-groupe ferroviaire intégrant Renfe, Adif et Talgo, soulignant que cela était incompatible avec les règles de l’UE. Bien que l’idée d’une production ferroviaire soutenue par l’État ait émergé, la possibilité d’un retour à ce modèle semble peu probable, bien que certains en Espagne envisagent ce changement face à l’échec de collaborations passées avec des fournisseurs privés. Le contexte européen montre cependant une montée en puissance de la production ferroviaire nationalisée, notamment en Chine. Voir aussi : Démission de Raül Blanco, chef de Renfe, remplacé par un allié de Puente.
- Trenitalia lance un Paris-Marseille à grande vitesse le 15 juin. Trenitalia lance une nouvelle liaison Paris-Marseille à partir du 15 juin avec quatre allers-retours quotidiens, et rouvrira la ligne Paris-Milan le 1er avril après une interruption. La compagnie vise à doubler son nombre de passagers en 2025, tout en ajustant son offre pour atteindre la rentabilité, tout en se positionnant sur les lignes les plus rentables.
- Le Français NGE décroche un contrat ferroviaire stratégique entre Casablanca et Nouaceur. Premier contrat ferroviaire au Maroc, d’environ 100 millions d’euros, il vise à moderniser la ligne entre Casablanca et Nouaceur en vue du futur réseau LGV. Les travaux, prévus sur 40 mois, incluent voies ferrées, caténaires et infrastructures associées.
- Trains à hydrogène : ces défaillances qui mettent Siemens et Deutsche Bahn sous pression. Les trains à hydrogène Mireo Plus H de Siemens, lancés en Allemagne en 2022, ont été suspendus après 15 jours en raison de pannes majeures affectant la ligne RB27. Ce revers met en lumière les défis techniques, le coût élevé des infrastructures et les difficultés d’approvisionnement en hydrogène, malgré le potentiel écologique de cette technologie.
- Colas remporte un contrat d’environ 300 millions d’euros au Royaume-Uni. Colas Rail UK a été choisi par High Speed 2 (HS2) pour concevoir et installer les caténaires alimentant le futur réseau ferroviaire à grande vitesse reliant Londres à Birmingham. Ce contrat de 300 millions d’euros couvre 450 km de voies permettant des vitesses jusqu’à 360 km/h.
- Lyon-Turin : un milliard d’euros de travaux déjà réalisés. Après un quart des tunnels creusés, dont plus de 15 km pour le tunnel de base, TELT fait état de plusieurs avancées, telles que la finition de trois puits de ventilation, l’acheminement des tunneliers, et la réalisation de structures comme le viaduc ferroviaire et la route de contournement à Modane. Des travaux liés à la valorisation des matériaux excavés et à la préparation des sites pour la gare internationale en Italie ont également progressé.
Et aussi..
- Ferroviaire : à la recherche d’une régénération moins coûteuse des voies. Le programme Area Rail, labellisé France 2030, vise à développer des solutions moins coûteuses pour la régénération des 9 000 km de lignes ferroviaires secondaires. Ce projet de 3 M€, conduit en Bourgogne-Franche-Comté jusqu’en 2028, inclut une phase R&D en 2025 et des tests en conditions réelles sur une voie expérimentale entre 2026 et 2028.
- Colloque : Optimiser l’usage du réseau ferroviaire. L’État et SNCF Réseau organisent le 4 février 2025 un colloque sur l’optimisation du réseau ferroviaire, réunissant 200 acteurs du secteur pour évaluer les travaux des plateformes services et infrastructures. L’événement abordera les défis de modernisation, d’anticipation des besoins futurs et d’équilibre économique du rail en France.
- Camion-mystère : que peut bien dissimuler cet étrange appendice ? Une autre manière de mettre d’enlever des camions de la route ? 😉