Le rail, toujours sûr ?
Un déraillement qui endeuille la Grèce et crée une vague de protestation populaire sans précédent. Un déraillement dans l’Ohio, qui pousse le gouvernement américain à porter plainte contre la compagnie ferroviaire. Un déraillement meurtrier aux Pays-Bas. Un déraillement en Suisse, qui fait plus de 12 blessés. Le tout en courte succession.
Cette apparente loi des séries semble, à juste titre, remettre en cause une des principales qualités du transport ferroviaire : sa sécurité.
Pour autant, même après ces tragédies, les chiffres du ferroviaire sont bien plus favorables que ceux du routier. Et l’adage selon lequel la pire journée ferroviaire est meilleure que la meilleure journée routière est probablement encore vrai, en tout cas en France. Selon les statistiques du gouvernement français, plus de 3000 personnes meurent annuellement sur la route contre une cinquantaine dans des accidents ferroviaires (et ce, en tenant compte d’accidents automobiles sur des passages à niveaux). De plus, le nombre d’accidents ferroviaires ne cesse de décliner, année après année (171 en 2009, 123 en 2019) grâce à la modernisation du réseau. Avec des technologies telles que ERTMS, les risques sont virtuellement éliminés.
Si l’infaillibilité est impossible (un wagon suisse a été renversé par une bourrasque très violente), ces tragédies servent aussi de rappel de la nécessité de maintenir en permanence un réseau robuste et à mesurer, malgré l’horreur, tout le chemin déjà parcouru.
L'actu de ce numéro
Gros titres
- Le train reste-t-il un moyen de transport vraiment sûr ? Analyse statistique des décès causés par des accidents ferroviaires, au lendemain de celui ayant eu lieu aux Pays-Bas.
L’international
- L’Algérie veut construire un réseau ferroviaire de 1 000 km pour acheminer des minerais de fer. Si le projet aboutit, il permettra un fort report modal du transport routier vers le ferroviaire, sur un itinéraire actuellement sous pression.
- Un nouveau service ferroviaire triangulaire relie quatre des pays européens. 4000 km et 4 pays (Autriche, Allemagne, Italie et Roumanie) reliés par une nouvelle ligne de fret de l’’opérateur TX Logistik. Première liaison (hebdomadaire le 18 Avril, avec un second train prévu en renfort peu de temps après.
- Égypte : accord entre l’Autorité ferroviaire et l’espagnol Talgo pour la production locale de wagons de train. A coup d’accords commerciaux avec les grands groupes internationaux, l’Egypte se rapproche de son objectif de devenir l’un des plus gros constructeurs de trains du continents.
- Ghana : 30 milliards $ d’investissements nécessaires pour le plan national de développement du transport ferroviaire. La modernisation du réseau ferroviaire ghanéen, évalué sur la base des projets prévus dans le plan national de développement, dont 75% des 4000 km de voies restent à construire. Le pays envisage de s’inspirer des modèles de financement chinois adoptés par ses voisins (Nigeria, Kenya, Éthiopie).
- La boucle ferroviaire de l’Afrique de l’ouest : une utopie ? Rêve d’ingénieur depuis 100 ans, le projet de heurte aux difficultés des terrains à parcourir et des frontières administratives à traverser. La Chine semble en capacité de faire avancer l’infrastructure à grand pas, mais pas d’assurer l’exploitation aussi bien que les occidentaux. D’où le nouveau rêve d’une collaboration entre continents, encore plus ténu ?
- Ignorant les sanctions internationales, la Chine lance plusieurs lignes de fret ferroviaire vers la Russie. L’investissement de la Chine dans le fret ferroviaire est sans précédent, et le renforcement de ses relations avec la Russie, en dépit des sanctions que subit le pays, renforce encore sa stratégie.
- Le train du vin, la nouvelle liaison ferroviaire de Bordeaux à Londres. 5 heures pour amener une bonne bouteille de Bordeaux à Londres. C’est un peu caricaturer, mais le temps de trajets – des passagers comme du fret – sera celui-là. Premiers trajets en 2026, avec d’autres grandes villes de France reliées en 2030.
- Les connexions ferroviaires avec la France : une priorité pour l’Espagne. La différence d’écartement des voies dans les deux pays pose problème depuis des décennies. Le gouvernement espagnol accélère ses investissements dans une voie méditerranéenne aux normes (internationales) de la France, mais s’inquiète sur l’avancée de la LGV LNMP et l’engorgement de la voie actuelle.
- Des spécialistes discuteront de l’impact du bruit ferroviaire sur la santé. L’histoire se passe au Canada, mais le sujet est universel. Là-bas, il s’agit du sifflet en milieu résidentiel, mais partout le bruit occasionne des nuisances, étudiées de plus en plus finement, et déjà grandement combattues en France.
- Ferroviaire : l’ONCF voit grand. Stimulée par le succès financier de sa LGV (alimentée à 100% par de l’énergie verte), et la satisfaction de ses passagers, l’ONCF souhaite l’étendre à d’autres villes, et développer un programme de trains de proximité sur les lignes classiques. Voir aussi: TGV Marrakech-Agadir : Les études d’avant-projet sommaire lancées en mai prochain.
- Le Luxembourg veut le « réseau le plus moderne d’Europe ». Le gouvernement luxembourgeois vient de donner son feu vert au plus ambitieux contrat de service public du pays. Plus de 7Md€ investis pour obtenir en 2028 le réseau ultra moderne permettant le transfert modal de la route vers le rail que le pays recherche.
- Le chemin de fer indien sera le plus grand réseau ferroviaire écologique du monde d’ici 2030. D’après ce communiqué, l’intégralité du réseau ferroviaire de l’Inde sera électrifié d’ici 7 ans. Cette transformation est déjà achevée pour plusieurs états fortement peuplés.
Régions
- Railcoop annonce l’ouverture de la liaison Bordeaux-Lyon à l’été 2024, malgré des embûches. Forcée de revoir ses ambitions à la baisse et à reculer ses dates de lancement, la coopérative maintient malgré tout le cap, annonçant l’ouverture de sa liaison phare en 2024, si son financement se finalise et le matériel rénové est livré.
Entreprises
- Alstom : Projet de développement ferroviaire à Hong Kong. Le constructeur fournira le système de signalisation d’un projet d’extension ferroviaire, pour MTR, l’exploitant du métro de Hong Kong, et sera responsable de la conception, de l’ingénierie, de l’intégration, des essais et de la mise en service du système.
- Accident ferroviaire : le gouvernement demande à Alstom d’accélérer l’achèvement des systèmes de sécurité . Alstom et l’OSE, l’organisme public responsable des infrastructures du réseau ferré, ont signé des contrats en vue de moderniser les systèmes de télégestion des trains. Au lendemain de la terrible catastrophe qui a endeuillé le pays, l’état, accusé d’avoir négligé la modernisation du réseau ferroviaire, souhaite accélérer.
- Ferroviaire : l’espagnol CAF enregistre ses premières commandes pour Reichshoffen (ex Alstom). La commande de 161 M€ porte sur 18 trains : 11 trains destinés à la région Nouvelle-Aquitaine et sept pour la banlieue de Dakar. Elle fait de la France le premier marché pour le constructeur. Voir aussi : TER, Intercités… Le constructeur ferroviaire espagnol CAF monte en puissance en France.
- « Le fret ferroviaire sera un facteur clé de décarbonation ». Dans cet entretien accordé à Les Echos, Yann Leriche, directeur général de Getlink, revient sur les perspectives de l’entreprise, notamment après la mise en service d’ElecLink, un service de transport et de mise aux enchères d’électricité. Et sur l’attractivité de son infrastructure aux transporteurs souhaitant réduire leur empreinte carbone.
- Le Canadien Pacifique a le feu vert pour acquérir Kansas City Southern. Le rachat, d’un montant de 31Md$, a été approuvé par le Surface Transportation Board et permettra de créer le seul réseau ferroviaire à ligne unique reliant le Canada, les États-Unis et le Mexique.
- Un Bachelor ingénierie du transport ferroviaire à la rentrée. Ce Bachelor, qui débutera à l’EIGSI à la rentrée 2023, proposera une option orientée vers les systèmes et infrastructures numériques, et une autre consacrée aux installations électriques de la propulsion et énergies nouvelles.
Et aussi..
- Sifer 2023 : sous le signe de la décarbonation, de l’innovation et de la compétitivité. Reportage vidéo visible ici. Voir aussi: Plus diversifié, le SIFER 2023 bat des records de fréquentation.